La récente explosion du dépôt d’hydrocarbures en plein cœur de Kaloum, a entraîné des pertes humaines tragiques, des nombreuses victimes et des dégâts matériels considérables.
Face à cette catastrophe, nos prières et pensées vont à l’égard des familles endeuillées, des victimes et à tous les guinéens.
Mais au-delà de cette catastrophe ponctuelle, la capitale guinéenne, Conakry, est confrontée à de multiples menaces latentes pour la santé publique. Des usines polluantes disséminées partout à l’utilisation de carburants nocifs et de tous les déterminants de la santé qui impactent inexorablement la qualité de vie, créant ainsi un tombeau à ciel ouvert pour la population. Il devient essentiel de souligner de manière urgente la nécessité de prendre des mesures proactives de prévention.
Cette tragédie met en lumière le concept ‘’One health’’ ou Santé Unique, qui souligne l’interconnexion entre la santé humaine, environnementale et animale. Ce concept, qui stipule en effet que les conditions de santé de tous les organismes d’un écosystème sont interconnectées à travers le cycle de sous-ensembles de communautés qui doivent être appréhendées dans une perspective globale et transversale.
La combustion d’hydrocarbures libère des particules fines et des substances chimiques dangereuses pour la santé de la population, de l’environnement et les animaux. Ces particules fines sont connues pour provoquer des problèmes respiratoires aigus dont leur pénétration profonde dans les poumons entraîne des effets graves à long terme tels que le cancer des poumons et des maladies cardiovasculaires.
Quelles sont les conséquences de cet incendie ?
Une évaluation à court, à moyen et à long termes nous permettrait de dégager les éléments suivants :
1. Conséquences sanitaires :
Les blessures, les brûlures, les fractures et les pertes en vie humaine sont les conséquences directes identifiables à premier abord suite à l’explosion.
Les résidus d’hydrocarbures peuvent libérer des substances nocives, entraînant des problèmes de santé tels que des irritations cutanées, des troubles respiratoires, voire des effets neurologiques à court terme.
Ces nuisances affectent tant les victimes que les secouristes, ces derniers ayant omis la première règle du secourisme, qui consiste à se mettre à l’abri du danger avant toute intervention.
L’exposition prolongée aux particules fines et aux substances chimiques peut causer dedes sérieux problèmes respiratoires chroniques.
Les traumatismes liés à l’explosion peuvent entraîner des troubles mentaux tels que le stress post-traumatique, nécessitant un soutien psychologique.
2. Conséquences environnementales :
– la pollution de l’air : Les émanations de l’explosion entraînent une détérioration de la qualité de l’air, posant des risques pour la santé respiratoire de la population locale.
– Contamination de l’eau : En raison de la proximité avec la mer, il existe un risque potentiel de déversement d’hydrocarbures, ce qui aurait des répercussions sur la vie marine et compromettrait la qualité de l’eau, ainsi que des poissons qui constituent une source alimentaire quotidienne pour notre population. Ces éléments représentent des facteurs de risque pour l’émergence de maladies, soulignant ainsi l’urgence d’une surveillance régulière de la qualité de l’eau.
Quelles sont les mesures adaptées face à cette situation ?
Premièrement, le déploiement rapide des services d’incendie, des équipes médicales et les forces de l’ordre pour gérer les incendies, soigner les blessés et maintenir l’ordre public. Cette action se déroulerait au même moment que l’évacuation immédiate des victimes hors de la zone pour assurer leur sécurité. Le palais du peuple situé à quelques mètres de là n’était pas la meilleure solution à adopter.
Deuxièmement l’isolation de la zone affectée par des barrières afin d’éviter la propagation des incendies, des gaz toxiques et des produits chimiques ainsi que la mise en route rapide d’une stratégie de dépollution de l’eau et de l’environnement afin de minimiser les effets à court terme et les impacts à long terme.
La communication d’urgence était d’une extrême importance à travers les médias, les réseaux sociaux, des messages SMS afin de donner des consignes claires et précises sur les risques, les mesures de sécurité et les centres médicaux disponibles.
Le soutien psychologique devrait également être une priorité, avec la constitution rapide d’une équipe d’experts pour accompagner les sinistrés.
Une collaboration essentielle entre les autorités locales et les volontaires était impérative pour assurer une réponse rapide et efficace. Bien que l’élan de solidarité soit louable, la manière dont cela a été réalisé a présenté des lacunes importantes, exposant de nombreuses personnes à des risques évitables voire inutiles. Les conséquences de ces expositions imprudentes se feront sentir dans les années à venir.
La mobilisation centrée sur les sinistrés à la mosquée Fayçal ou au palais du peuple n’était pas la meilleure approche.. Opter pour une coordination plus rigoureuse et une distribution ciblée des dons et des contributions directement sur les lieux des victimes aurait été préférable, en mettant l’accent sur le respect de précautions de sécurité essentielles pour le bien-être de tous.
Enfin, l’enquête sur la cause de l’explosion et la mise en place de mesures préventives sont essentielles pour éviter de futurs incidents similaires. Cette tragédie souligne donc l’urgence d’adopter des politiques durables à Conakry, préservant la santé globale de la population et évitant de telles catastrophes à l’avenir.