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Faut-il voter “OUI” ou “NON” au référendum du 21 septembre ?

À la une, Décryptage, Essais • 19 septembre 2025 • SBM Sadio

⏳ 16 min de lecture

Faut-il voter “OUI” ou “NON” au référendum du 21 septembre ?

Ce projet de constitution reconduit, dans ses articles clés, la figure d'un “monarque républicain”.

Quand une nation écrit sa Constitution, la question n’est pas seulement de savoir ce que contient le texte, mais de mesurer la responsabilité qu’assument ses élites devant les générations futures. Car l’enjeu n’est pas de trouver de beaux mots, mais d’avoir la hauteur de vue nécessaire pour transformer un document en héritage durable. Aujourd’hui, tout porte à croire qu’au lendemain du 21 septembre 2025 -- et ce quelle que soit l'issue du Référendum Constitutionnel --, le destin de la Guinée aura pris un nouveau chemin. Cet article s’inscrit pleinement dans cette actualité pour porter une autre voix. 
Depuis plusieurs années, j’écris plutôt, j'essaie d’écrire. Mais mes textes s’arrêtent souvent à l’étape de brouillons, rangés au fond de mes cartons Drive jamais publiés. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours eu comme éthique gouvernante d’éviter l’exposition, de ne pas succomber à la tentation de jouer l’expert de tout. Conséquence : Je finis par réagir à, par commenter ce que font les autres. 

Or, notre époque est saturée de voix. Chacun, avec une connexion internet, peut donner son avis sur tout. Les réseaux sociaux regorgent de commentateurs improvisés qui se posent en experts, mais qui souffrent souvent d’un déficit de culture politique — par la formation et par l’apprentissage à travers l’engagement réel auprès des communautés. Leurs précurseurs professionnels qu’on appelle “les commentateurs télé” eux au moins lisent la presse écrite et regardent des émissions de débats pour se faire des idées. Ces derniers n’ont pas également le luxe de faire passer leurs idées sans se faire contredire à l’immédiat, ce qui réduit drastiquement la certitude qu’ils détiendraient une “vérité absolue”. Et pourtant, les opinions de nos nouveaux experts autoproclamés qui savent tout de tout circulent, se répètent, finissent parfois par être prises pour des vérités. La liberté d’expression, la liberté d'opinion doivent être respectées, bien sûr. Mais elles ne doivent pas servir d’alibi à la confusion entre analyse éclairée et commentaire superficiel.

Pour ma part, je n’ai jamais pris cette légèreté face aux questions liées aux enjeux politiques et des politiques publiques. Je tiens encore plus à l’action publique à laquelle je dois mon parcours à l’école publique guinéenne et française dans ce qu’il y a de meilleur dans le domaine. Mon parcours, sans être exceptionnel, m’a tout de même permis de construire peu à peu une certaine sensibilité et une expertise avérée de l’action publique. Une formation en Guinée et en France, des expériences associatives depuis mes années de collège et un engagement — discret mais réel — au sein des formations politiques de 1ᵉʳ plan. Rien d’extraordinaire, mais suffisant pour comprendre que la chose publique n’est pas un sujet lointain : elle façonne nos vies individuelles et collectives à travers les orientations, décisions et les actions entreprises par ceux qui nous dirigent. Justement, le changement constitutionnel dont il est question ici est ce qu’il y a de plus stratégique pour une nation. C’est sans doute pour cela que, face à chaque actualité, j’ai toujours ressenti ce bouillonnement intérieur. Mais jusque-là, je l’ai gardé pour moi, sans jamais le transformer en textes publics.

Aujourd’hui, je franchis ce pas. Pourquoi maintenant ? Parce que cette fois-ci, l’enjeu dépasse les hésitations personnelles. Le 21 septembre 2025, la Guinée est appelée à se prononcer sur une nouvelle Constitution. C’est une étape historique pour notre pays.

J’apporte donc, ici, une lecture d’analyse sociopolitique de cette actualité majeure. À la lecture du projet soumis au débat public, un sentiment de déjà-vu domine : non pas parce que les mots seraient maladroits, mais parce que les logiques institutionnelles restent figées. Un exécutif puissant, un appareil centralisé, des contre-pouvoirs limités… autant de schémas éprouvés qui interrogent sur la capacité de nos élites à inventer un modèle adapté à la réalité sociale et historique de la Guinée. Car rédiger une Constitution, ce n’est pas seulement organiser le pouvoir : c’est aussi affirmer une vision de justice, d’égalité, d’équité et de souveraineté.

Avant d’entrer dans le cœur de mes analyses, je souhaite clarifier trois points essentiels :

1.  Avant de donner un avis définitif sur mon papier, je t’invite à la patience. Ce que tu t’apprêtes à lire n’est pas un article isolé. J’ai rédigé une étude d’une quinzaine de pages que j’ai choisi de scinder en trois longs articles pour rendre la lecture plus accessible au plus grand nombre. Pendant trois jours successifs, je publierai donc trois articles complémentaires : ce 1er article que tu es en train de lire consiste à planter le décor contextuel, l’analyse de l'architecture institutionnelle, ce que je qualifie de “rendez-vous manqué” des intellectuels et cadres qui ont eu la charge de rédiger ce projet. Dans les deux prochains jours, tu liras ce qui aurait pu être pris en compte ou du moins discuté, et enfin, une conclusion et ouverture sur l’avenir. Je t’invite à les lire tous avant de te faire un avis complet sur le sujet.

2. Si tu attends de trouver ici un mot d’ordre du type “Votez OUI” ou “Votez NON”, tu seras déçu. Mon objectif n’est pas d’orienter ton choix, mais d’éclairer les enjeux. L’acte citoyen appartient à chacun. Ce que je propose, c’est une réflexion collective qui dépasse les slogans pour aller vers une compréhension des mécanismes politiques.

3. Enfin, ce texte décevra sans doute ceux qui refusent la complexité, qui attendent une position tranchée et définitive, ainsi que certains parmi mes connaissances et amis qui savent quelque chose sur mes avis très souvent tranchés. Mais je crois que sur un sujet aussi fondamental que la Constitution — qui touche à la justice, à la cohésion sociale et territoriale, à la souveraineté politique, économique, culturelle et démocratique — il est essentiel de se donner le temps et les moyens d’expliquer en détail les enjeux sous-jacents.

Un État, une Nation, ne se construit pas sur des certitudes simplistes, mais sur le débat, la réflexion et la responsabilité.

                         I. De la Rupture Militaire à la Continuité constitutionnelle ?

À la suite du coup d'État militaire du 5 septembre 2021, la Guinée s’est retrouvée à nouveau dans un moment crucial, mais avec beaucoup d'enthousiasme et d’espoir pour une large majorité de la population. Ce jour-là, je suis allé au carrefour Bambéto, mais je dois avouer que je regardais cette joie des populations avec beaucoup de distance. J’avais une impression du déjà-vu alors que “NON”. Je n’avais jamais assisté auparavant à une fête de prise de pouvoir par les armes dont les populations embrassaient les militaires. Je dois avouer que je voyais cela comme un moment grave d’un pays, qui a vu se succéder les régimes et les chartes fondamentales sans jamais trouver de stabilité durable, à l'occasion de rompre avec les schémas du passé.

Aujourd’hui, la perspective d'un référendum constitutionnel cristallise les espoirs d’un pays fatigué des instabilités politiques et des crises de légitimité depuis la magouille des présidentielles de 2003 qui ont été sabotés par les partis politiques les plus représentatifs de l'électorat guinéen (le RPG et l’UPR) soit environ 70%.

L’examen du projet de constitution révèle un paradoxe curieux : une rupture apparente sur le plan politique qui masque une continuité profonde et curieuse sur le plan institutionnel. 

                   I.1 - Que dit le projet et pourquoi faut-il débattre ?

Ici, exposons l’essentiel des éléments factuels du projet de constitution qui sera soumis aux guinéens ce 21 septembre 2025. En regardant cette architecture institutionnelle, je suis persuadé que même le président de la transition qui est le principal commanditaire de ce texte ne mesure pas tout le pouvoir qui est donné aux futurs présidents de la Guinée, y compris lui s’il en venait à confirmer sa candidature présumée aux prochaines élections.

Le rôle du Premier Ministre dans cette configuration est celui d'un “subordonné”, une figure dont la subordination est inscrite dans les textes. Selon l'article 80, le Premier Ministre est choisi par le Président de la République, qui peut également mettre fin à ses fonctions. La responsabilité du Gouvernement n'est pas devant le Parlement, mais "devant le Président de la République" (Article 85). Ce modèle contraste fortement avec un régime parlementaire où le Premier Ministre est responsable devant l'Assemblée. En Guinée, il dirige et coordonne certes l'action gouvernementale (Article 81) et nomme à certains emplois civils (Article 84), mais il reste sous l'autorité du Président.

Un Sénat dont le mode d’accès favorise le pouvoir exécutif. L'introduction d'un bicamérisme avec la création d'un Sénat (articles 108-113) est présentée comme une innovation. Pourtant, le texte prévoit que le tiers (1/3) des Sénateurs est choisi par le Président de la République, tandis que les deux tiers sont élus par des conseils régionaux et communaux ; le Sénat est par ailleurs décrit comme chambre des collectivités et des composantes socio-professionnelles. Cette modalité — qui donne au Président un pouvoir direct de sélection d’un nombre non négligeable de membres — fragilise la vocation d’indépendance de la seconde chambre et ouvre la porte à des usages clientélaires du sacerdoce sénatorial.

Avis consultatif sur les nominations, sans force contraignante suffisante. Le Sénat donne un avis sur certaines nominations (article 112) mais cet avis reste de nature consultative et n’oblige pas toujours le Président. Le pouvoir exécutif conserve la main sur les nominations aux « hautes fonctions civiles » (Article 65), y compris celles dont l’indépendance est cruciale pour la confiance publique.

Un exécutif fort et des mécanismes de contrôle perfectibles. Le Président dispose de larges prérogatives — nomination des ministres, pouvoir réglementaire, direction de la politique nationale — tandis que les contrepoids proposés (Cour constitutionnelle, Sénat, Assemblée) paraissent inscrits dans une logique d’avis et de consultation plus que de contre-vérification effective (sauf cas précis). Détail alarmant à cet effet : les modalités de nomination de la Cour constitutionnelle elles-mêmes renvoient à des aréopages mêlant nominations présidentielles et avis du Sénat.

Décentralisation normative, mais incertaine dans la mise en œuvre. Le texte consacre la décentralisation et dispose que tout transfert de compétences doit être accompagné de ressources équivalentes. Il institue des collectivités régionales et communales et prévoit péréquation. Mais la réussite dépendra de lois organiques et de mécanismes concrets qui, s'ils sont capturés par le centre, videront la promesse de sens.

La question des ressources nationales : l’équité en suspens. Le Préambule du projet constitutionnel guinéen affirme la souveraineté inaliénable du Peuple sur ses richesses nationales. La Commission nationale pour le développement est chargée de la « gestion rationnelle, transparente et équitable des ressources naturelles » et de la « promotion de l'équité territoriale et de l'équilibre régional dans le développement ». L'article 184 précise que les collectivités décentralisées bénéficieront d'une part des ressources de l'État proportionnelle aux compétences transférées, sur la base d'une « péréquation définie par la loi ». Ce qui manque au texte, c’est un mécanisme juridique fort et autonome pour garantir cette péréquation. Sans un cadre contraignant qui assure un partage effectif des richesses nationales au profit des régions, la promesse d'une répartition équitable reste une simple déclaration d'intention.

L’inclusion et l’alternance : principes sans outils ? Le projet réaffirme l’attachement de la Guinée aux principes d’inclusion, d’équité, d’égalité et de cohésion nationale. Il demande aux partis politiques de promouvoir l’alternance démocratique en leur sein. Un quota d'au moins 30% est fixé pour les femmes dans les postes décisionnels. Cependant, l'absence de mécanismes de quotas et de rotation institutionnalisés pour les hauts postes d'État – au-delà de la parité – laisse planer le doute sur la capacité du texte à institutionnaliser la diversité et à prévenir l’accaparement du pouvoir par un groupe unique ou une région.

      I.2 - Le Rétroviseur : le poids du passé, l’héritage et la faillite de l’audace Intellectuelle ?

L'analyse de ce texte constitutionnel démontre que, loin de constituer une révolution, il semble reproduire les défaillances structurelles des constitutions précédentes. Le constat initial est que ce projet constitutionnel ne parvient pas à se libérer d'un modèle de pouvoir centralisé et pyramidal, largement inspiré des pays francophones africains “héritiers” du modèle français institué en 1958.

Cette constitution était nécessaire et a été efficace et pertinent pour la France, car elle faisait face à trois défis majeurs : une crise du régime institutionnel de la IVe république qui a créé des forces politiques majoritaires pour prendre des décisions importantes pour la France ; une grogne dans toutes les colonies qui demande d'accéder à l’indépendance, et enfin une crise de légitimité politique des représentants. Le pays avait donc besoin d’institutions centralisées autour d’un leadership fort pour faire face à ces défis.

En ce sens, notre projet semble ignorer l'histoire sociopolitique profonde et la composition culturelle des grands ensembles communautaires qui composent la Guinée d'avant 1898.

Au risque de me tromper, je vais rappeler ici quelques éléments factuels historiques macroscopiques des modèles politiques de ces ensemble qui m’ont été enseignés par l’école guinéenne. À l'analyser de plus près, on trouve 2 grands modèles : 

- Les deux composantes nationales qu’il est convenu d'appeler aujourd’hui la Guinée Forestière et Basse Guinée ont historiquement été caractérisées par un modèle d’organisation et de gestion du pouvoir décentralisé fondé sur la coopération entre les différentes communautés. Dans les contextes de crises, en Basse Côte, on s’allie autour soit d’un chef religieux inspiré du modèle foutanien ou autour d’un chef de Guerre charismatique. En Guinée Forestière, nous trouvons également ce processus d’alliance circonstanciel autour d’un chef de Guerre face aux grandes menaces externes.

- Ce qu’étaient Le Fouta théocratique [une partie de la Moyenne Guinée) et le Wassolon (une grande partie de la Haute Guinée d’aujourd’hui) sont historiquement caractérisés par modèle du pouvoir centralisé. Toutefois, ces 2 ensembles affichent une forte différence sur l’exercice du pouvoir dans leur rapport avec les territoires. Au Fouta, on avait une gouvernance territoriale caractérisée par une double exigence de fonctionnalité et de spécialisation. Ce qui était tout le contraire du modèle de la gouvernance du Wassoulou, dont la colonne vertébrale était la structuration militaire.

En essayant de faire une esquisse de ces modèles, l’objectif n’est pas de faire l’histoire institutionnelle de la Guinée avant la colonisation. Même un livre ne suffirait pas à cet effet. L’idée n’est pas non plus une de dire quel était le meilleur de ces modèles. Chaque modèle a ses avantages et ses limites. Enfin, loin de moi d’appeler à reconstituer un de ces modèles. Il s’agit de rappeler que les populations qui habitent le territoire qu’on appelle aujourd’hui la République de Guinée ont une histoire, une culture, des valeurs auxquelles ils se reconnaissent. Cette fébrilité intellectuelle d’omettre cette histoire ne date pas de 2021, mais dès le lendemain des indépendances où on a voulu faire des guinéens “un homo-unicus” — l'idée que tout le monde doit avoir la même vision, les mêmes valeurs, la même histoire. Le parti unique était nécessaire pour fédérer les forces indépendantistes, mais nuisible pour gouverner cette société multiculturelle affirmée. L’instauration du libéralisme étatique à partir de 1984 n’a pas fait mieux. Car il s’est contenté de se construire contre le modèle existant sans prendre de la hauteur sur les éléments contextuels des modèles précités.

Ce déni de ce que nous sommes soulève des questions fondamentales sur le rôle et la responsabilité des hauts cadres et intellectuels guinéens qui ont rédigé et soumis ce texte. Cet article, comme annoncé à l’entame, se propose d'examiner de manière critique cette nouvelle charte, de la soumettre à l'épreuve de l'histoire et du droit comparé pour ensuite esquisser une vision constructive et des perspectives. Il ne s'agit pas d'un simple réquisitoire, mais d'une réflexion qui vise à transformer la critique en un plan d'action pour un renouveau institutionnel véritable.

              I.3-Le Rendez-vous Manqué des Intellectuels avec l'Histoire ?

Loin de se complaire en une simple critique des autorités de transition, qui ont ouvert cet espace de dialogue, le regard de vigilance citoyenne doit se tourner vers ceux qui en ont tenu la plume : l'élite intellectuelle guinéenne. C'est à elle qu'incombait la charge historique de proposer une architecture institutionnelle audacieuse, capable de panser les fractures du pays et de résister aux assauts des ambitions personnelles. Or, le projet actuel, par sa timidité et son mimétisme, s'apparente moins à une révolution copernicienne qu'à une énième réplique du modèle vertical et jacobin qui a pourtant démontré ses limites sous toutes les latitudes africaines. Les instabilités qui touchent notre sous-région (Niger, Mali, Burkina Faso, la Côte d’Ivoire dans une certaine mesure) sont entre autres des preuves factuelles de ces rendez-vous manqués.

Pourtant, loin d’être un verdict, l’idée pour moi est que ce constat de l’échec de la pensée en Guinée soit le point de départ d'une réflexion exigeante. Il ne s'agit pas de condamner, mais de comprendre la nature de cette occasion manquée et d'esquisser, pour aujourd'hui et surtout pour demain, les contours d'un pacte national enfin adapté aux réalités profondes de la Guinée. Quelle que soit l’issue de ce référendum, nous serons amenés, dans un futur proche, à interroger nos approches.

Car le fait qu’au fond, ce projet de constitution reconduit, dans ses articles clés, la figure d'un “monarque républicain”, détenteur quasi exclusif du pouvoir exécutif (Article 66) et disposant d'un pouvoir de nomination étendue à tous les hauts emplois civils et militaires (Article 74), sans véritables contre-pouvoirs institutionnels. L'absence d'une seconde chambre parlementaire (Sénat) qui aurait pu assurer une représentation des régions et tempérer les ardeurs de l'Assemblée nationale (Article 91) renforce ce déséquilibre structurel.

Elle concentre une puissance immense entre les mains d'un seul homme, créant une situation où la stabilité de l'État tout entier repose sur la vertu et la modération présumées ou escomptées du chef, un pari que l'histoire guinéenne a trop souvent perdu.

Ces observations amènent à une étape éthique : les intellectuels qui ont conçu ce texte avaient la responsabilité de proposer des garanties institutionnelles plus fortes pour la neutralité des nominations, la séparation effective des pouvoirs et la prise en compte des équilibres régionaux et communautaires. Quand ils renoncent à l’exigence du « difficile » — par crainte politique, confort académique, dépendance aux modèles étrangers copiés sans adaptation — ils trahissent non la dictature d’un parti, mais la confiance démocratique du peuple. Nos législateurs ont donc fait le choix de la paresse intellectuelle et du renoncement face à l’histoire. On a toujours tendance à accuser le chef de tout mais dans la réalité du pouvoir, l’entourage a souvent autant d’influence que le chef. De nombreuses études d’anthropologie du pouvoir ont démontré que de temps en temps, ce personnel de cour et visiteurs de nuit prennent même le dessus sur les choix du chef.

Il importe, au terme de cette phase de contextualisation, d’analyse du schéma architectural institutionnel, de l’esquisse de l’identification des responsables, de proposer des pistes de modèles qui auraient pu et pourraient être envisagés dans l’avenir. C’est à cela que s’attèlera mon prochain article sur cette question, à paraître dans les pages de ce magazine. D’ici là, force est de reconnaître qu’aucun texte n’est parfait, complet et immuable — car la dynamique des sociétés est toujours plus forte que les textes juridiques. 
 

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SBM est titulaire d’un double Master en Politiques et en Management de l’action publique. Actuelleme...

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