Dans la nuit du 17 au 18 octobre, une tragédie nationale a secoué le cœur de Kaloum, le centre névralgique de la capitale Conakry. Face à cette tragédie, probablement sans précédent dans l’histoire de notre nation déjà fragilisée par des défis politiques et socio-économiques majeurs, la qualité de l’air au lendemain du drame est devenue une préoccupation majeure pour le bien-être écologique de Kaloum et de ses populations, ainsi que, les contraintes économiques obligent, pour presque tous les habitants de Conakry et environs qui sont souvent obligés d’y aller travailler. 

Alors que les polluants toxiques imprègnent l’air, mettant en danger la santé respiratoire et exacerbant la crise en cours dans notre pays, il est impératif d’agir de toute urgence. Il s’agira, pour les autorités de notre pays et des experts locaux et venus de pays amis de cerner les conséquences écologiques de la catastrophe en mettant l’accent sur la qualité de l’air, en soulignant la nécessité de mesures immédiates de la part des autorités locales et d’efforts concertés de la part des populations touchées. 

Autrement dit, de la mise en place de systèmes de surveillance de la qualité de l’air à la promotion de pratiques industrielles durables, il sera crucial dans les semaines (voire les mois) à venir de s’attaquer aux conséquences de la pollution atmosphérique pour atténuer les effets dévastateurs de la catastrophe et préserver la santé respiratoire de nos compatriotes touchés par ce drame ou vivant dans les environs du lieu sinistré.

De toute évidence, l’incendie d’un dépôt d’hydrocarbures peut avoir des implications sérieuses sur la qualité de l’air. La combustion de produits pétroliers libère des polluants tels que les particules ultrafines PM1, regroupant les particules de diamètre inférieur à 1 µm (micromètre), les particules fines PM2.5 regroupant celles dont le diamètre est inférieur à 2,5 µm, et les particules PM10 regroupant celles dont le diamètre est inférieur à 10 µm. En fonction de la taille des particules inhalées, leurs effets sur la santé peuvent être très dangereux, allant d’un impact sur la santé respiratoire à une altération de la santé cardiovasculaire.

En plus des particules, la combustion d’hydrocarbures génère également des composés organiques volatils (COV), du dioxyde de soufre (SO2), des oxydes d’azote (NO et NO2), et du monoxyde de carbone (dans le cas d’une combustion incomplète). Ces substances peuvent causer des problèmes respiratoires, des irritations oculaires en termes de santé publique, et contribuer à la formation de smog et de pluie acide en termes d’impact environnemental. De plus, certains hydrocarbures brûlés peuvent produire des composés toxiques tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont certains sont reconnus comme cancérigènes par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), notamment le benzo(a)pyrène.

La surveillance continue de la qualité de l’air est donc fondamentale dans cette situation, non seulement pour connaître le niveau de concentration de chaque polluant cité précédemment, mais également pour évaluer l’impact sur la santé publique et prendre des mesures appropriées afin de minimiser les risques.

2. Comportements à Adopter  

En réponse à cette crise liée à la qualité de l’air due à cet incendie de dépôt d’hydrocarbures, les comportements que la population doit adopter peut se diviser en deux groupes : 

Les comportements individuels qui consistent à : rester informé en suivant les mises à jour des autorités locales sur la qualité de l’air et les consignes de sécurité ; éviter la zone touchée en limitant les déplacements dans toutes les zones affectées par la fumée pour réduire l’exposition aux polluants ; porter des masques pour les agents engagés dans la maîtrise de l’incendie ainsi que pour toutes les personnes qui doivent s’y rendre.

Parallèlement, il sera déterminant pour les autorités de sensibiliser nos concitoyens de Kaloum et du Grand Conakry à un certain nombre de comportements collectifs. Ces derniers consistent à : suivre les consignes d’évacuation émises par les autorités locales et le gouvernement pour assurer la sécurité de la population vers les centres d’évacuation appropriés (l’esplanade du palais du peuple ou le Stase du 28 septembre, par exemple); à réduire les activités qui contribuent à la pollution de l’air telles que la conduite automobile non essentielle; privilégier le transport en commun et fournir un soutien émotionnel aux personnes affectées. 

3. Mesures Préventives  

En période de crise environnementale comme celle-ci, des mesures préventives spécifiques peuvent contribuer à réduire les effets néfastes sur la qualité de l’air. La surveillance accrue de la qualité de l’air se révèle essentielle parmi les mesures à prendre. A cela s’ajoute la mise en place d’un système de surveillance intensifiée qui permettrait de détecter les changements dans la qualité de l’air, fournissant ainsi une information en temps réel à la population. En parallèle, des plans d’évacuation bien structurés doivent être élaborés pour déplacer efficacement les résidents des zones à risque vers des lieux plus sûrs, instaurant ainsi une évacuation planifiée et ordonnée.

La gestion des déchets constitue une autre pierre angulaire de la réponse écologique nécessaire. Des protocoles stricts doivent être instaurés pour éviter toute pollution supplémentaire de l’air et de l’eau pour garantir la préservation des ressources environnementales. Par ailleurs, la réduction des émissions s’avère impérative. En imposant des restrictions temporaires sur les activités industrielles et les transports susceptibles d’aggraver la pollution atmosphérique, les autorités peuvent atténuer significativement l’impact sur la qualité de l’air.

Au-delà de ces actions concrètes, une communication transparente et régulière avec le public demeure une priorité. Les autorités doivent fournir des conseils clairs sur la protection individuelle et les mesures à prendre, tout en mettant à disposition des ressources de protection tels que des masques respiratoires. Enfin, il est essentiel de sensibiliser le public aux risques associés à la crise et aux mesures préventives à prendre pour réduire l’exposition aux polluants atmosphériques et mobiliser l’ensemble de la communauté face à cette menace écologique.

4. Technologies et Solutions 

Il existe de nos jours plusieurs technologies low-cost et solutions innovantes que l’Etat et les populations peuvent mettre en place pour, dans un premier temps, détecter les changements dans la pollution de l’air et, dans un second temps, améliorer la qualité de l’air, notamment pendant des périodes critiques telles que des crises liées à un incendie de dépôt d’hydrocarbures. Parmi ces technologies nous pouvons citer : les microcapteurs, qui permettent de surveiller en temps réel la pollution atmosphérique (particules, COV etc …) et de prendre des mesures préventives en conséquence.

Il y a aussi les détecteurs de gaz, qui permettent de mesurer les concentrations des gaz (CO, NO, NO2 etc…) ; et les purificateurs d’air portables équipés de filtres HEPA pouvant contribuer à réduire la concentration de particules fines et d’autres polluants à l’intérieur des maisons et des bâtiments impactés. L’adoption de ces technologies et solutions dépendra des ressources disponibles, du contexte local et de la volonté collective de la communauté à s’engager dans des pratiques durables pour préserver la qualité de l’air.

5. Répercussions à Long Terme

Des incidents tels qu’un incendie de dépôt d’hydrocarbures peuvent entraîner des répercussions à long terme sur la qualité de l’air. Les impacts dépendent de divers facteurs, notamment l’ampleur de l’incident, les substances libérées et les mesures prises pour atténuer les effets. 

Parmi les répercussions à long terme sur la qualité de l’air et les stratégies de récupération suggérées, on peut citer l’accumulation de polluants persistants. Certains polluants émis lors d’incendies peuvent persister dans l’environnement, contribuant à des problèmes de qualité de l’air à long terme. Il est donc essentiel de surveiller régulièrement ces substances et de mettre en place des programmes de décontamination des sols et des eaux contaminés par des substances persistantes. 

À cela s’ajoute l’impact sur la santé humaine. Une exposition prolongée à des niveaux élevés de pollution de l’air peut avoir des effets néfastes sur la santé à long terme, tels que des problèmes respiratoires et cardiovasculaires. Pour y remédier, il faut mettre en place des programmes de suivi médical à long terme pour les personnes exposées et offrir des services de santé mentale pour traiter les impacts psychologiques de la crise. Nous pouvons aussi citer l’altération des écosystèmes et les changements climatiques locaux. Il est important d’investir dans des infrastructures de prévention et de gestion des catastrophes pour minimiser les risques d’incidents similaires à l’avenir. D’autre part, il ne faudra pas perdre de vue les répercussions à long terme sur la qualité de l’air et des stratégies de récupération suggérées, notamment l’accumulation de polluants persistants.

En fin de compte, la récupération à long terme nécessite une approche holistique, impliquant la collaboration entre les autorités locales, les communautés, les experts en environnement et d’autres parties prenantes. L’accent devrait être mis sur la prévention future et la promotion de pratiques durables pour protéger la qualité de l’air et l’environnement. Il est donc important, pour éviter qu’un tel drame advienne dans l’avenir, d’investir dans des infrastructures de prévention et de gestion des catastrophes pour minimiser les risques d’incidents similaires.